


Faire société, garantir la cohésion sociale, favoriser le vivre ensemble constituent depuis de nombreuses années un objectif sinon une obsession républicaine. Il faudrait retrouver le sens du commun, le goût des autres en quelque sorte. Sauf qu’à l’échelle de soi, à l’échelle de l’individu, la société est et demeure une contrainte : un collectif créé par d’autres que soi-même. Politiquement même, la société est l’antonyme de l’association, collectif auquel des individus adhèrent librement. La société est un collectif de naissance. Fondamentalement, il s’agit d’une soumission, d’une violence faite à l’individu , le processus d’adhésion est postérieur à son appartenance, à la manière d’un baptême catholique.
Dès lors, le décalage entre l’unité/l’identité de la nation vue par elle-même -via un discours reconstruit- et sa traduction appliquée au quotidien de l’individu où tout est contrainte s’avère évident, sinon drôle. Parce que -sauf à adhérer à l’illusion démocratique du système actuel- rien ne dépend de soi : la caissière n’est jamais fille de financier, on ne choisit pas son voisin au cinéma, on ne fréquente pas les laveries automatiques ou le métro par amour du lien social, on préfère emprunter un ascenseur seul. La société est une aliénation par le lieu : le lieu où s’inscrit l’individu le transforme en fonction sociale : client/vendeur en magasin ; créateur/spectateur au cinéma, etc. À l’échelle de l’individu, la société est un lieu et un moment au sein desquels les mouvements -comme les rôles- sont contraints.
Ce sont ces mouvements et ces fonctions, ces rôles qu’illustre ma série .
Quand il y a lutte contre ces mouvements imposés, on appelle ça des mouvements sociaux, mais rien de ça dans mon travail, c’est une œuvre pleinement inscrite dans le troisième millénaire.